Accomplissant un voyage de cinq semaines en Normandie, les amants légendaires vinrent jusqu'à Dinan le 25 juin 1836, arrivant de Saint-Malo via Châteauneuf dans une vieille patache, sorte de voiture publique. En fin d'après-midi, ils découvrirent le vaste panorama de la ville et de ses clochers du haut de la côte de la Madeleine en Lanvallay, franchirent la Rance sur le Vieux pont, avant de monter vers la ville haute par le Grand chemin, actuelle rue Général de Gaulle.
Arrivés vers 7 heures du soir, ils s'arrêtèrent dans le haut de cette longue rue qui longe les remparts, à l'Hôtel des Messageries rue du Château. C'était un établissement estimé de Dinan, tenu par le Maître d'hôtel Jean Massot (alors âgé de 43 ans), sa femme Jeanne Raux qu'aidait une domestique : Perrine Daniel. Quatre enfants (Eugénie, Ange, Edouard & Théophile) dont le dernier avait juste un an égayaient la maisonnée.
Victor Hugo et Juliette Drouet y prirent leur dîner, y passèrent la nuit et, trouvant les lieux à leur goût, y déjeunèrent le lendemain.
La matinée du 26 juin fut consacrée à une visite de la cité. Victor Hugo y admira deux belles églises, ça et là quelques maisons sculptées à pans de bois et des façades où l'art de la Renaissance s'est assez bien tiré du granit. A l'Hôtel de Ville, il chercha Monsieur de Saint-Pern, érudit, ancien maire, député, dont il aimait la conversation raisonnable et intelligente. L'écrivain fut contrarié de ne pas y trouver Monsieur de Saint-Pern qui n'était pas encore de retour de la Chambre, mais il admira près de la mairie un magnifique porche roman veuf de son église. Il s'agissait du portail de l'église Notre-Dame de l'Hôtellerie, disparu depuis.
En fin de matinée, Victor Hugo et Juliette Drouet empruntèrent la Porte Saint-Louis pour rejoindre les Petits-Fossés. Passant au pied de la Tour de Coëtquen, ils admirèrent une superbe vieille tour. Il s'agissait bien sûr du château de la Duchesse Anne que l'écrivain dessina sur un carnet, aujourd'hui conservé dans sa maison de la Place des Vosges à Paris.
Visiblement séduit par la cité médiévale de Dinan, Victor Hugo immortalisa la ville par cette phrase : Dinan est une belle vieille ville agglutinée et maçonnée en surplomb sur un précipice comme un nid d'hirondelles.
Loïc-René Vilbert.
Bibliothécaire de la Ville de Dinan.
Article extrait du Tome XVIII de la publication Le Pays de Dinan paru en 1998
Note : Les passages en italiques sont extraits de l'œuvre de Victor Hugo (1802-1885).